Ce jour là

Publié le par Mrs D.

 

 

 


 

 

 

 

 

Je me rappelle de cet instant systématiquement accompagné d’un chuintement dégoulinant et d’une forte odeur de sang et de vase. Je ne suis d’ailleurs même pas sûre que ce bruit ne soit pas issu de mon imagination pour accompagner mes souvenirs et leur accorder plus de réalisme. Comment expliquer alors que recevoir cette petite masse gluante et chaude sur le ventre fut surement le plus beau moment de ma vie ? La plus jolie tache de naissance sur une colonne vertébrale parfaite et douce. La plus exquise mélasse rougeâtre et noire oscillante qui glissait sous mes mains gauches.

 

Et cette impression d’avant et d’après.


L’avis des autres importait. Leurs regards me pesaient, prisonnière de ce carcan et de responsabilités rêvées, la culpabilité et les remords pour boulets. La peur, sourde résonnance dans le bas ventre qui vibrait perpétuellement sans jamais se faire entendre d’eux. Les larmes qui ruisselaient sans raison apparente, pressées par le poids qui m’accompagnait perpétuellement. Et ce sentiment vide.

 

Ce jour là, j’ai marché des heures durant, luttant pour garder un calme qui n’avait jamais été qu’illusoire. Par une force  alors inconnue, je me riais des coups assénés. Calme et déterminée alors que mon corps se contractait. Bonheur même au cœur de cette douleur qui me ramenait à la vie par les entrailles alors que le cuivre coulait le long de ma gorge par mes mâchoires trop serrées. Supplications et abandons pourtant face aux impacts qui me renvoyaient membres collés au sol et picotements le long des doigts. Mais la volonté bouillait au calme dans mon ventre tandis que la délivrance se préparait. Cris et morsures pour encouragements et les humeurs s’expatrièrent.  


Et elle est arrivée. Avec ses grands yeux et sa peau trop blanche sous les tissus que je lui avais laissés. Sa bouche en cœur et ses bras inanimés, bouillante sur mon corps dégonflé. Ses iris marines qui me dévisagaient de longues minutes ou étaient-ce des heures ? Sans pourtant rien avoir attendu d’elle, elle me vidait, me réconciliait et me réconfortait. Enfin, elle ferma les yeux.

 

Désormais plus rien ne compte, que son bien être et la plénitude qui suit ses pieds bourdonnant au sol. Que le silence des feuilles virevoltant alors que sa voix parle une langue que je ne connais pas. Que son sourire qui explose mon amour et ce bonheur secret qui me suppliait d’exister depuis ce jour où elle m’a libérée.

 

Publié dans Histoires de maman

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P
<br /> <br /> si petit et ça fait déjà de si grandes choses... !<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> le jour où elle repassera, je crois que ce sera la fierté ultime ;)<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> <br /> Héhé... bon anniv' à la puce ! Joli cadeau !<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> elle a eu droit à un joli gateau et maintenant, je ne la retrouve plus sous ses jouets... Je me demande si un invité est pas reparti avec...<br /> <br /> <br /> <br />