L'Avenir
Calme après la tempête, nature ravagée mais pourtant apaisée et sereine, mes pieds nus foulent le sol jonché de membres mutilés de la flore environnante. A perte de vue s’étalent feuilles collées de pluie et coulées de terre, restes de la nuit tourmentée passée. Pas un bruit, silence étrangement calme, quiétude singulièrement angoissante, les oiseaux muets ponctuent l’aube de leur mutisme.
Evanouie la lourdeur de la veille, disparue la chaleur impraticable, anéantie par les éléments déchainés, les corps peuvent enfin se mouvoir au rythme tranquille du souffle aérien de la plaine. Les torrents ont expurgé, purifié le macrocosme laissant place à une nouvelle ère, vierge de toute souillure antérieure.
Le vent doux et frais se faufile entre mes jambes pendant que craquent les branches sous mes pas. Mon pantalon vaporeux frissonne et claque sous une chaude rafale qui me pousse à avancer vers l’inconnu et son espace verdoyant. L’avenir du monde dans mes bras, nous partons à la découverte de ce nouvel univers et de sa légèreté. Mes pieds s’embourbent doucement dans les sédiments nocturnes et glissent sur la mousse spongieuse qui relâche tendrement son eau entre mes orteils lorsque ceux –ci s’enfoncent en elle, l’instant d’une courte foulée.
Le temps est suspendu, la nature revit. Le ciel sombre inonde nos visages de ses rayons blafards, striant la peau de nos mains qui promènent sous les arbres reposés. L’Avenir gazouille, et se niche dans le creux de mon cou, sensation fraiche et réconfortante.
Et je pars avec la certitude que rien ne nous séparera.