Mes voeux - Sur la route / Autopsie du verbe

Publié le par Mrs D.

La petite ronde est ouverte. Et elle commence avec lui.


Sur la route

 

La vision m’est apparue nette, précise. La route qui défile, le verglas, la neige. Les doigts gelés sur le volant, je regrette intérieurement que le chauffage ne soit pas plus efficace.

Dehors, la pénombre englobe encore la route, trou noir avalant les pressés qui me dépassent.

« Au delà de la lumière ils disparaissent ».

Pensée saugrenue qui m’apparait comme une évidence.

Après moi le déluge.

Après tout. Qu’est-ce qui me prouve que c’est faux ? Je n’ai aucune preuve de leur existence. Ils ne sont plus. Disparus sous un amas de vide absolu. Le noir. La torpeur.

 

Je prends de la vitesse. Si je les suis, je les sauve. Ils existent. Je leur cours littéralement après. En voiture. Ridicule.

Pourtant, l’idée me semble alors, sur l’instant, totalement logique.

J’accélère encore. Impossible de voir ce qui se trouve sur le bord de la route, les images défilent trop vite pour s’imprimer sur ma rétine. L’adrénaline me monte à la tête. Toute puissance incontrôlable qui me confère des envies de grandeur, de liberté absolue.

 

Soudain, le virage me parait trop large. Ma maîtrise m’échappe. Je ne le remarque pas tout de suite mais le silence s’est imposé dans ma tête. Le véhicule dévie de sa trajectoire, ma bouche ouverte ne m’explose pourtant pas les tympans. Le son n’existe plus.

Au ralenti, le flanc de la voiture s’approche dangereusement du mur encore inexistant deux secondes auparavant. Mes cordes vocales se déchirent dans un mutisme assommant. Rien qu’un acouphène qui vient progressivement me vriller le cerveau. Le mur se rapproche encore, j’aurai pourtant juré que l’impact aurait dû avoir lieu depuis des secondes déjà. Mais la glissade se fait interminable. L’absence de bruit insupportable. Juste cette note aigue qui me transperce la tête.

 

Alors, enfin, il cesse. Noir absolu. Impact, mon corps secoué.

C’est donc ça, pensai-je.

 

Blanc de deux secondes.

J’ouvre les yeux, le corps tremblant. Respiration saccadée.

Foutu pour cette nuit, je ne pourrai plus dormir.

 

 

Autopsie du verbe

 

Il m’a pris l’envie une fois de relire, ou du moins, de survoler mes textes. Mauvaise idée.

Déjà, ça prend du temps, et en plus, c’est se faire du mal pour rien. On se demande comment on a pu publier de telles merdes et en être satisfait.

Pourtant, autre chose m’a sauté au visage, mis à part le fait qu’il serait temps enfin de s’occuper un peu de l’aspect présentation du blog. (Un cabinet de psy ce n’est quand même pas si impersonnel, il faut s’y sentir à l’aise.)

 

La voiture. Toujours présente. J’exagèrerais en disant un texte sur deux. Mais cette situation arrive souvent. Très souvent. Trop pour que ce soit une coïncidence.

 

Ca représente quoi ? Mon parcours ? Ma route toute tracée que j’essaye de suivre ?

Un élément que je dois maîtriser et qui parfois m’échappe.

Un élément que je dois maîtriser et que je choisis de voir prendre sa propre route, décidant de ne plus être maître de mon destin ?

 

Il arrive que je ne pense pas à ce que j’écris. Les mots s’enchainent sans que j’y prête attention. Ecriture automatique.

Souvent la plus douloureuse. A la relecture bien sûr.

Je me demande pourquoi j’ai écris de telles choses. Et quelles peuvent être leurs significations.

 

Ma petite voix me crie « Moi je sais, moi je sais ! ».

Celle là, c’est qu’une sale frimeuse. Alors, je lui colle une baffe et je continue à faire semblant de pas comprendre. Je retravaille le texte. Je camoufle autant que je peux le trop criant. Brouillard et poudre aux yeux. Quelques détails ça et là sur le décor. Description de mon état d’esprit et de ce que j’ai mangé la veille.

 

Et je croise les doigts pour qu’on ne lise pas trop entre les lignes.

Menteuse !!!, dit la petite voix.

Je lui recolle une baffe, ça lui apprendra à faire le boulot de R.W.

Non mais.

 

Des semaines,

Des mois, ouais ! re-rebaffe à la petite voix. Faut toujours qu’elle la ramène, j’te jure…

Des semaines donc que j’essaye de pondre ce mimétisme. Pas facile d’admettre son autopsie du verbe. De comprendre ses mécanismes.

Et de reconnaitre que la petite voix a parfois raison.

 

Et fait pas la maline grognasse, sinon, c’est mon poing que ta petite bouille mangera.

J’ai le droit, c’est moi qui écris.

 

 

 

 

 

Publié dans Mimétismes

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S
<br /> moi je l'aime bien cette petite voix que tu as, je l'entends souvent parler lorsque je te lis. Je te lis toi et je l'écoute elle, et vous formez un incroyable duo.<br /> Alors continuez à nous offrir vos états-drames.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> On va dire qu'on va essayer alors..<br /> <br /> <br />
T
<br /> "Que représente la voiture ? Quelque chose dont la maîtrise m'échappe parfois..."<br /> Mais aussi une coquille qui entrave nos mouvements : lève-toi et marche !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> soudainement, j'ai comme un gout de terre en bouche<br /> <br /> <br />
J
<br /> OK, alors conduit, mais laisse-toi aller. ;-)<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Vais essayer!<br /> <br /> <br />
J
<br /> La petite voix a bien fait de te renvoyer dans les cordes (vocales) : chercher sa voix en voiture n'emmène qu'aux voies de garage.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> ce qui serait dommage, moi qui adore conduire!<br /> <br /> <br />
H
<br /> Tu vois quand tu veux, ça roule...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> C'est vrai, ça avance!<br /> <br /> <br />