Mes voeux - Dans la cabane

Publié le par Mrs D.

Clarté obscure de fin de journée, la jeune fille attendait tranquillement sur les racines du vieux chêne. Un peu nerveuse, elle triturait la terre du bout des doigts en attendant qu’il passe. Aucune idée de quand elle le reverrait. Mais la certitude qu’il finirait bien par arriver. Alors, patiemment, elle comptait les nœuds et les années de son fidèle confident.

Tendrement, elle décortiquait les feuilles mortes le long de leurs nervures. Elle aimait les dénuder jusqu’à obtenir un squelette d’arbre, tête rétrécie de flore d’automne.

 

Elle n’eut pas à se retourner. Elle sut.

 

- Bonjour, dit-elle d’un air enjoué.

Il se planta devant elle. Elle lui prit les mains.

 

- Bonjour, lui répondit le poète guerrier.

 

Il était grand. Avant ce jour, elle ne l’avait jamais remarqué. Peut-être n’avait-elle jamais levé les yeux sur lui. Elle n’en était même pas certaine.

 

- Tu veux un café ? , lui proposa-t-elle.

Et avant qu’il lui réponde, elle le tira jusque la cabane en ruine à quelques mètres de là.

 

- Tiens ? Je croyais qu’elle avait brulé ta cabane, que tu y avais repoussé de vieux démons ?

 

Elle soupira et se dit que, décidemment, il ne lâchait jamais rien. Ca la fit sourire. Elle qui l’avait jadis maudis en hurlant, espérant ainsi le faire taire, s’attendrissait maintenant de tant d’attention. La petite voix parla, la jeune fille transmit le message.

 

- On n’aime pas toujours son passé, mais il nous construit. Je ne fuis plus. J’ai décidé de reconstruire sur mes bases, même si, au choix, j’en aurais pris d’autres. Après tout, c’est moi qui décide des matériaux à utiliser cette fois…

 

Satisfaite pour la première fois de sa réponse, elle l’invita à s’assoir.

 

- Je t’ai menti, je suis désolée, je n’ai pas de café, je n’en bois pas et suis incapable d’en faire. Mais j’ai du chocolat, se rattrapa-t-elle les yeux rieurs.

 

- Je ne suis pas venu pour ça, tu le sais.

Il avait l’air grave. Fatigué. Mais d’une bonne fatigue, celle d’un père accompli.

Alors, elle s’assit à son tour et l’invita à poser son habituelle question. Ce qu’il exécuta.

 

- Comment va ?

 

Elle plongea les yeux profondément ses yeux dans les siens. Elle avait toujours cru que de cette manière, certaines personnes ayant le don pouvaient y lire le fond de son âme. Mais elle n’avait plus peur. Elle inspira calmement, lui repris les mains et répondit enfin dans une lente expiration

 

- Ca va…

 

Et cette fois, c’était vrai.

 

 

Il est des personnes à qui il est difficile d’exprimer ma gratitude.

Pour eux, je n’ai qu’un mot. Et tu le connais.

Publié dans Mimétismes

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P
<br /> super blog !! continue comme ça<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Oh merci! Tu as vu? plein soleil aujourd'hui!<br /> <br /> <br />
M
<br /> Je commence a me dire ....nan rien.... c'est excellent, et c'est peu dire .<br /> <br /> <br />
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M
<br /> je sais plus quoi vous répondre non plus!<br /> <br /> <br />
T
<br /> Sérieusement, savoir accorder sa confiance n'est pas donné à tout le monde. Pour que ce genre de voyage aboutisse, il faut nécessairement être deux. Pis bon... les chocolats sont si bons.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Parfois, les gens ne vous laissent pas le choix, si vous voulez avancer et comprendre les choses. Et ce n'est que positif!<br /> <br /> <br />
T
<br /> Et aussi : " ... "<br /> <br /> <br />
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P
<br /> tu nous emportes à peu près n'importe où avec une telle facilité... c'est un plaisir de te suivre sur tous ces terrains!!<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Pourtant, c'était boueux comme chemin!<br /> <br /> <br />