Le dilemne - 4
Ce n’était pas la première fois que cette question revenait sur le tapis. Des mois qu’elle ne comprenait pas, qu’elle n’arrivait pas à mettre des mots sur ce ressenti. Elle pensait à haute voix :
- Parce qu’en me livrant, je laisse la possibilité de taper là ou ça fait mal. Je lui montre mes points faibles et je risque d’en souffrir.
- Mais si l’amour vous lie, comment cette personne pourrait te faire du mal ?
Elle laissa de longues minutes s’écouler. Elle savait pourquoi. Elle se refusait à l’admettre, mais le nœud du problème était là.
- On ne sait jamais, chuchota-t-elle enfin.
L’homme soupira, il savait. Il avait toujours su quel blocage, quelle difficulté entravait la jeune fille. Et il le désigna sans pudeur.
- Tu as un problème de confiance.
Piquée au vif, elle tenta vainement de se défendre :
- On ne peut avoir confiance en personne. L’amour pur, fraternel, lui-même plie sous la méchanceté parfois, sous l’envie la jalousie et le regret. Alors quand le sang ne vous lie pas, comment être sur que les sentiments sont inconditionnels ?
- Tu ne le peux pas, admit-il.
- Mais si tu dis toi-même qu’on ne peut jamais être sûr de rien et que la confiance donnée n’est jamais garantie. Alors, quelle raison de se livrer ? Je te le demande encore.
- Pour vivre? Pour enfin lâcher prise? suggéra-t-il dans un demi-sourire sans condescendance.