L'évasion
Aujourd'hui promettait d'être un jour exceptionnel. Je l'avais senti dès le matin. Oiseaux qui gazouillent, brise fraiche annonciatrice d'une large journée ensoleillée, tout était parfait. Mais j'ignorais encore quel en serait l'Evénement.
Les heures s'étaient égrenées sans que rien d'extraordinaire ne se passe et la banalité de la routine s'était imposée à moi au point d'en oublier le caractère spécial de cette journée.
Mes habitudes prises, j'allai récupérer mes 3kg860 et 53 cm, et le reste qui lui appartient, chez la nounou, que je retrouvai l'air passablement ennuyée.
- Alors, comment va Verdun?, demandai-je , alors que cette dernière, comme à son habitude regardait fixement le mur en fredonnant genre je-t'ai-pas-vu-pas-entendu-maman.
Je remarquai directement le regard un peu gêné de la gardienne qui se lança dans un résumé de la sieste.
Le trio infernal Yannick-Verdun-Saturnin, papotait apparemment tranquille dans leurs lits respectifs après la sieste. Pour une fois, la nounou leur lâchait donc du leste. L'heure du goûter approchant dangereusement, pour anticiper une crise éventuelle, elle décida de descendre les monstres. Mais alors qu’elle sortait Saturnin de son lit, elle remarqua que ce dernier mâchouillait un morceau de tissu. Remontant le fil d’Ariane et le bave du moufflet, le complot fut découvert.
Aventuriers en mal d’histoires à vivre ou prisonniers en manque de liberté, la bande avait fomenté une action d’évasion pour vivre la grande vie. L’alèse déchirée, les lambeaux passés de lits en lits, les bébés n’avaient plus qu’à nouer le tout et sauter par la fenêtre. Heureusement, elle était arrivée à temps et le plan avait échoué.
- Comment ? Vous voulez dire que vous n’avez pas de filet anti hélico?, ricanai-je
Et alors que la maman de Saturnin se demandait effondrée si cet acte était annonciateur d’une longue série, je fronçais les sourcils vers Verdun tout en ne pouvant réprimer une vague de fierté.