Life on Mars

Publié le par Mrs D.

Projetée ailleurs, univers familier et pourtant si différent…

Le vieil arbre de son enfance, chemins poussiéreux et champs de maïs.

Le ciel n’étant orné que de peu de nuages très hauts perchés que le vent frais balayait d’un revers de la main, le soleil tapait sec.

 

Cris et rires au loin, les rayons des roues de vélo étincelaient et éblouissaient sur leur passage les regards des parents qui, patiemment, attendaient que la progéniture rentre au bercail.
Après quelques rappels à l'ordre, la rue s'était vidée, décor déserté et apaisé.

Cachée dans les blés, elle respirait bruyamment et son cœur s'emballa sans comprendre immédiatement pourquoi. Déjà vu inconscient, des fourmis lui parcouraient la paume des mains.
Alors, le vieil arbre se mit à bouger. Doucement, surement, calmement. Ses branches, séchées, craquelées et dépourvues de feuilles, oscillaient au rythme de la douce brise de printemps. Il avançait lentement, de déplaçant péniblement car le temps avait, sur son écorce et son tronc, déjà largement fait son œuvre.
La fillette s'avança vers lui gaiement. Sautillant nerveusement, ses cheveux non démêlés lui fouettaient le bas du dos. Petite jupette et chemisier de fille parfaite, la peau nouvellement mouchetée, son sourire l’irradiait. Un adieu, le vieil arbre les quittait, lui qui, toute sa vie s'était épanoui dans ces quartiers.

Blés arrachés et broyés, soudain, la vieillesse pour camouflage, le prédateur se referma sur sa proie glissant ses branches devenues tentacules. Un instant, une heure, rue déserte et proie pétrifiée. Brulure médusaire, l’étreinte se relâcha et sereinement, le centenaire fit demi tour. Alors, qu’à reculons, le jouet regagnait sa demeure.

 

Poussières de céréales et écorchures plein les mains, enfin, la spectatrice se décida à sortir du champ un peu de bile encore aux commissures des lèvres. Entre ses doigts roulaient des éclats d’argent. Le tintement aigu du briquet se fit à peine entendre. Tel une brindille au cœur sec, l’hydre prit feu rapidement, en silence. Souvenir effacé, elle cracha sur le dernier petit foyer qui rougeoyait.

 

Alors, elle se retourna et leurs yeux en amandes se croisèrent.  Longue pause et observation. Le vent fouettait leurs cheveux et leurs vêtements claquaient sur leurs corps meurtris. Regards appuyés, elles savaient.

 

La voix rauque et cassée se décida à briser le silence.

 

- Promis, on en reparle plus

 

Et l’enfant hocha la tête.

Publié dans Le cabinet du psy

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H
putin... faut que je consulte...
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R
Comment peut-on écrire des trucs pareils ?... je suis médusé.
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M
<br /> Je sais pas trop comment le prendre là, d'un coup...<br /> <br /> <br />
J
Dans le bon sens du terme - LewisCarrollien, disons. ;)
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M
<br /> Oh wow, ben ben si tu me cherches, je suis cachée sous mon bureau <br /> <br /> <br />
J
La seconde partie du texte, particulièrement, est très étrange. Tu tiens quelque chose, là....
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M
<br /> étrange, tu as dit étrange?<br /> <br /> <br />