La mer
La mer qu'on voit danser
L'air sentait le papier brulé, vieilles rancœurs lavées et oubliées. L’enfant s’approcha doucement de son acolyte. Sans un mot, elles se mirent à marcher ensemble, côte à côte, synchronisation parfaite. Sœurs siamoises.
le long des golfes clairs
Le vent continuait son œuvre. Cheveux emmêlés, mèches devant les yeux, elles ne prenaient pas la peine de dégager leur visage. Après quelques mètres, elles finirent par s’arrêter, se faire face et s’observer. Dans un même mouvement de la nuque, enfin, leur visage leur apparut plus nettement.
A des reflets d'argent,
Un air interrogatif parcourait leurs trais. Sourcils un peu plus épais pour la plus jeune, yeux plus marqués pour la plus âgée. Les taches de rousseur s’éparpillaient et se promenaient sur leurs épaules, leurs bras et leurs jambes. Quelques grains de beauté et tatouages parsemés sur l’ainée, le regard vitreux perdu de la cadette.
la mer
Soudain, elles furent prises d’une envie irrépressible de se toucher, comme pour s’assurer que tout ça était réel. Les mains tendues, celles-ci fusionnèrent. Un sentiment de complétude les envahit alors, comme une évidence.
Des reflets changeants
En un instant, la jeune adulte pris la fillette sur ses épaules et se remit à avancer, vers les plaines étendues. En silence, l’enfant se mit à caresser les cheveux et, les doigts bien tendus, elle enfonça tendrement ses mains dans le crane de son alter ego. Un large spectre blanc s’échappait des interstices créées par l’ouverture de son encéphale.
sous la pluie
Soulagée d’y découvrir les secrets de son avenir, ce fut alors à son tour de briser le silence de sa voix fluette:
- La chanson que tu as en tête…
- Oui? …
- Je l'adore.
- Je sais.
Et elles échangèrent un regard entendu.