Lotus fané
Position du lotus à coté du centenaire.
- Tu m’expliques ? ronronna le chêne
Voix graveleuse et rassurante, invitation à la confidence. Elle plongea son regard dans le feuillage en se demandant si ses hallucinations porteraient un jour à conséquence. Folie passagère ou réelle complication, elle balaya cette interrogation du revers de la main.
- …
- J’ignore si j’ai réellement envie d’en parler. J’ai peur du jugement, grimaça-t-elle laconiquement.
- Les années passent sur moi comme des milliers de poussières dans le Sahara, tu crois vraiment que cela a une réelle importance ? Parfois, poser des mots fait du bien, même s’ils sont dits à l’oreille de la brise. L’important, ce n’est pas qui les écoute, mais bien que tu arrives à les prononcer.
Même les paroles du sage n’arrivaient pas à la rassurer, pourtant, il avait raison. Quel risque y avait-il a lui exposer sa peur de vulnérabilité puisque c’était sans danger ?
En parler, c’est admettre sa faiblesse.
- Selon toi, avoir des sentiments, c’est être faible ? s’étonna le doyen. En quoi te rendent-ils ébranlables ?
Les larmes montèrent avant même qu’il eut terminé sa phrase. Liquéfiée sur les racines de son confident, son corps n’était plus qu’une flaque sanguinolente aux relents de gingembre et de cannelle.
Le gui est un parasite, répéta la petite fille.