Le dilemne - 2
Un irrépressible besoin de fugue l’inonda. Sentiment plus fort que tout, plus fort qu’elle, sa tête tournait à la rendre folle. Spirale infernale d’obsessions et de perditions. Mais alors qu’elle s’apprêtait à courrir, de larges racines et lianes s’enroulèrent autour de ses chevilles. La flore grimpa le long de ses jambes pour venir immobiliser son bassin.
L’incompréhension se lut sur son visage.
- Que fais-tu ? Laisse-moi partir, s’emporta-t-elle.
La colère la submergea. Douce et sourde ire aux relents amers de zeste citronné. Ses mains palpitaient au rythme de son muscle vital. Elle aurait pu détruire le monde, rien qu’en le voulant, rien qu'en l'imaginant.
Un clignement d’œil et la nature s’embraserait.
Un rictus et les rochers exploseraient.
La tête baissée et le monde exsangue; du sang par torrents dans les rues et larges avenues. Fleuves intarissables de fluide collant et poisseux aux odeurs de cuivre et de mort.
Apocalypse cependant insuffisante pour satisfaire ses pulsions de souffrance salvatrice et son besoin d’apaisement.
Se débâtant dans le vide, la voix du centenaire gronda à ses oreilles.
- Voudras-tu encore te sauver plutôt que d’affronter la vérité en face ? Vas-tu assumer enfin ou encore trancher dans le vif, quitte à t’arracher les tripes, le cœur et le reste pour ne plus rien ressentir ?
Et après quelques mouvements vains, elle perdit connaissance.