De battre, mon cœur a recommencé - The Fuckin' Vismets!
La première gifle avait été magistrale. Pied de plomb pourtant pour y aller et regrets à l’arrivée de l’heure si vite passée.
Et voilà que j’en redemandais. Des jours d’attentes et les dernières heures s’égrenaient aussi difficilement qu’une poignée de framboises ayant subi les assauts de la chaleur.
Mais j’y étais. A nouveau.
Dans la pénombre et les volutes de fumée qui m’entouraient, je tentais de prendre mes marques alors que les vapeurs d’alcool doucement s’insinuaient dans ma tête. De leurs doigts invisibles, elles cherchaient lentement les tréfonds de mes inhibitions lorsque les premières notes vibrèrent enfin dans les tympans de la foule qui m’encerclait. Lutte sanguinolente entre mon envie d’être engloutie par les sons qui tentaient, tels de sirènes, de m’amener vers eux et mon habituelle peur de ne plus contrôler mon image et mon palpable. Je me débattais acharnée, les membres glissants, m’arrachant à contrecœur à ce bassin empli de promesses dont les tentacules repoussées et vexées ne prenaient du recul que pour mieux revenir à l’assaut de ma volonté. Mes pieds reculèrent à la recherche d’une échappatoire quand quelques notes traitresses de basse guidèrent alors les serres plus profondément dans ma raison et appuyèrent patiemment jusqu’au déclic salvateur.
Un frisson parcourut mon dos pour se glisser dans le creux de ma nuque et je sentais autour de moi la pression monter dans les jugulaires des autres envoutés. Voix saturées et crues sur ma peau, je cédais. Le rythme et les vibrations battaient sous mon épiderme alors que les lignes parcourant mon épaule ondulaient sous l’offensive des ondes. Ces petites frappes visaient juste et atteignaient avec une facilité affolante mon atv.
Liberté déclarée. Liberté retrouvée.
Les impulsions secouaient mon corps comme une poupée voodoo disloquée. Mes genoux cédèrent et j’entrai en lévitation, transpercée de mille épingles affutées, toutes dirigées vers mes centres de perdition. Des perles ruisselaient de la naissance de mes cheveux jusqu’au bas de mon dos et ma bouche tremblante oscillait entre le sourire béat et la délicieuse morsure qui entamait largement ma lèvre inférieure. Transe collective et fusionnelle, mes yeux absorbaient littéralement le spectre des étoiles mouvantes qui apparaissaient par intermittences, dévoilées par les jeux de lumière. Excitation à son paroxysme emmenée par l’appel des claviers lancinants et insistants sur mes points faibles sensibles, mes doigts se secouaient de spasmes incontrôlés alors qu’ils tentaient vainement de s’accrocher aux astres parsemés sur ma clavicule. L’explosion partit sans prévenir. Les fourmillements dans les pieds inondèrent soudain le reste de mon corps pour finir par se loger dans ma tête qui, sous la pression, rejeta des milliers de pétales virevoltants.
Et alors que le temps passait sur mon enveloppe abandonnée et consentante, le silence reprit ses droits dans l’espace confiné qui se vidait peu à peu pour me laisser un doux acouphène aux relents d’encens.
(Le premier coup de coeur, c'était là)