Là où je suis née
Les mains dans la crasse, je me relevais péniblement. Impossible de savoir où j’étais, je ne me souvenais de rien. Néons fluorescents pas très éloignés, le bâtiment dans lequel je me trouvais sentait le renfermé et la poussière. Autour de moi, aucune trace de pas. Comme si j’étais apparue là. Ou qu’il y avait des années que je gisais là. C’était d’ailleurs possible vu la couche grisâtre qui maculait mes bras et mon visage.
Gorge sèche, cheveux défaits, tête vierge de toute pensée parasite, j’observais avec intérêt ce lieu vide. Yeux de nouveau né, sans à priori, j’admirais la beauté des grains de poussière virevoltant dans le filet de lumière qui arrivait jusqu’à moi. Extraterrestre projetée en terre inconnue, j’avais tout à apprendre, tout à découvrir.
Je me relevai, chancelante, jambes tremblantes et me mis en quête d’une sortie vers le monde extérieur. Porte fermée et pourtant je la franchissais sans problème alors qu’elle ne frémissait même pas. Il faisait noir mais la lune éclairait la zone industrielle. Des hangars à perte de vue aucune issue à première vue, les allées défilaient, identiques, interminables. Et alors que je ne trouvais de fin à ce dédale, je m’aperçus enfin que, derrière moi, aucune trace de mon passage ne traçait mon errance.